Bonjour Clarisse. Tout d’abord, je te remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions. Aujourd’hui, tu vas nous parler de ton métier qui semble être une vocation aux multiples facettes. C’est parti !

Peux-tu te présenter aux lectrices et lecteurs, s’il te plait ?
̶ Un grand merci, Béatrice, pour cette opportunité de partager avec tes lecteurs mes passions et mon métier de praticienne en sophrologie et hypnose thérapeutique à Dakar.
Ma vocation est de transmettre des pratiques permettant aux personnes de devenir ac-teurs -trices autonomes de leur bien-être, pour leur permettre d’agir avec plus de conscience et de responsabilité afin de mieux se connaître.
Qui suis-je en quelques lignes : « Exploratrice et apprenante de la vie », c’est ainsi que j’aime me définir personnellement. Je suis une adepte de « On a qu’une bouche et deux oreilles, c’est pour écouter deux fois plus qu’on ne parle ». Je vais déroger à cette règle pour cette interview, je vais parler de mon parcours, de mes passions !
J’aime être dans l’engagement pour porter de nouveaux projets autour du bien-être, de l’humain, parfois très militante quand il s’agit de la protection de l’enfance.
Mon goût pour l’exploration de la vie m’a amené à organiser de nombreux déménagements, des transitions et des mobilités professionnelles pour me rapprocher toujours plus près de ce qui me passionne : l’Homme dans sa capacité à se soigner, à mieux se connaître …
En commençant par occuper des fonctions à responsabilités dans de grands groupes internationaux en RH (Ressources Humaines) notamment, puis des postes de direction de services dans le médico-social, de conseillère en insertion professionnelle, je me suis progressivement dirigée vers le métier de praticienne psychocorporelle en libéral, depuis quelques années.
J’aime apprendre, je suis ainsi souvent engagée dans un parcours de formation. Qu’ils soient diplômants ou certifiants, ils me permettent de croiser les nouvelles approches thérapeutiques et de coaching, tout en partageant ma pratique professionnelle en supervision.
Pour vivre pleinement toutes ces explorations et pratiquer moi-même ce que j’apprends : je suis aussi maman de 4 enfants, grand-mère de 4 petits-fils… C’est enrichissant tout ce que j’apprends avec eux ! La guidance parentale est aussi un sujet qui me passionne.
Depuis combien d’années vis-tu au Sénégal ?
̶ J’ai emménagé en août 2019, c’est donc tout récent… mais je connais le Sénégal depuis 30 ans environ, j’ai de la famille qui y est installée. C’est donc un choix de cœur de longue date pour ce pays dont l’évolution me passionne.

Qu’est-ce qui a motivé ton installation au pays de la Teranga ?
̶ Un déclic s’est fait il y a 4 ans lors d’un nouveau passage de quelques semaines à Dakar. L’installation au Sénégal n’avait pas été possible auparavant et le bon moment semblait se présenter pour une expatriation. Le Sénégal a été pour moi une évidence.
Ton nom de famille semble avoir des consonances anglophones. Du coup, je me permets de te demander si tu es bilingue ?
̶ J’ai en effet des origines américaines par un de mes parents. Ayant majoritairement résidé en France, ma langue maternelle est d’abord le français.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton travail de sophrologue ?
̶ Je pratique la sophrologie Caycédienne qui répond à une exigence de déontologie précise. Pour les puristes, c’est la forme de sophrologie authentique créée dans les années 60 par un médecin psychiatre, le Dr Alfonso Caycédo. Elle a fait son entrée dans le médical, en entreprises et dans les écoles depuis quelques années.
Cette partie de mon activité a la spécificité de pouvoir s’organiser en séance individuelle ou en groupe contrairement à l’hypnose. Le groupe est un de mes projets à venir sur Dakar…
La sophrologie (du grec ancien) signifie Étude de la conscience harmonisée. C’est une méthode inspirée du yoga, du zen, de la méditation… Elle est accessible à tous dès 3 ans jusqu’en fin de vie, quel que soit l’état de santé. Pratiquer la sophrologie permet de mieux se connaître (conscience de Soi), et d’adopter une attitude juste dans le calme et l’harmonie de son environnement.
Mon métier de sophrologue est donc de guider par la voix des protocoles selon les besoins de la personne. Pour les enfants, je propose une sophrologie ludique, baptisée Sophro’jolie. C’est Sophro’kid pour les adolescents qui répond à leur besoin de bouger, de mieux respirer et de se concentrer afin d’accompagner les grandes mutations corporelles qu’ils traversent.
À l’aide de visualisations, nous pouvons agir sur le passé, présent, futur, sur une partie du corps, en préparation d’un évènement… Le maître mot est l’adaptabilité. Le principe est d’activer la somatisation du positif pour le répercuter sur les structures psychiques et physiques.

Tu es également hypno thérapeute. Peux-tu nous éclairer sur tes pratiques ?
̶ Tout d’abord, la liste des indications pour l’hypnothérapie est vraiment très vaste…En bref, elle permet de mettre un terme à ce qui a trop duré, à ce qui ne correspond plus à la personne dans ses comportements, ou ce qu’elle aimerait renforcer comme nouvelle capacité.
Je pratique l’hypnose que l’on devrait nommer hypnotisme car l’hypnose est un état naturel de conscience qui est reproduit en séance à des fins thérapeutiques, de mieux-être. L’hypnose a plusieurs niveaux de profondeurs selon ce qu’il faut « travailler » avec la personne.
L’hypnothérapie se pratique uniquement en séance individuelle.
Tout commence par l’exposé de la situation et une définition d’objectif précis pour valider avec la personne une demande claire. La personne formule un changement souhaité dans sa vie, dans ses habitudes, dans ses comportements. Je précise toujours aux personnes que l’hypnothérapie ne remplace pas une psychothérapie ou un suivi médical. C’est important que la personne puisse être actrice de son parcours mieux-être et de soin pour renforcer sa capacité à agir en toute responsabilité.
Le protocole commence par une relaxation du corps, une induction (qui amène au niveau souhaité de conscience modifiée) avec des suggestions indirectes et une phase de travail adapté, puis un retour tranquille vers un niveau de conscience ordinaire… Et l’inconscient œuvre à partir de ce moment, selon la demande de la personne, pour contribuer aux changements souhaités et mettre fin à des conflits intérieurs. La personne garde toujours son libre arbitre sur ce qui se passe, nous sommes très loin des clichés des hypnotiseurs de spectacles !

J’y associe des techniques de PNL, de communication non violente, d’écoute active… et de coaching en prescrivant souvent des tâches à accomplir entre les séances. J’aime pratiquer les différentes formes d’hypnose, Ericksonienne, nouvelle hypnose ou hypnose humaniste qui utilise des symboles. Elles sont toutes complémentaires dans leur approche et certaines plus adaptées que d’autres selon le profil de la personne. L’hypnose conversationnelle est par exemple très efficace avec les enfants car on l’associe en séance avec des jeux.
Je transmets souvent des séances d’auto-hypnose pour permettre aux personnes de pratiquer seules à leur domicile. L’autonomie, toujours !
Combien de temps durent tes séances en moyenne ?
̶ Mes séances sont d’1h30 pour les adultes et de 45 mn pour les enfants, 1h pour les adolescents.
Quel profil de personnes reçois-tu le plus ? Des adultes ? Des enfants ? Des adolescents ?
̶ Je reçois tous ces publics. Je reçois davantage de femmes que d’hommes, plus que garçons que de petites filles.
Pourquoi, à ton avis ?
̶ Ce sont des tendances générales, plus prononcées à Dakar pour certaines. Chez les enfants, les petits garçons sont plus demandeurs que les filles. Ils expriment plus vers l’extérieur leur mal-être, ils dérangent plus, cela pousse les parents à consulter, surtout quand un-e enseignant-e commence à s’en inquiéter. Les petites filles, elles, se font plus discrètes et consultent plus dès l’adolescence. À l’adolescence, les causes de consultation sont le stress des examens, les problèmes de sommeil et l’usage excessif des écrans, un vrai fléau pour leur développement. Je manque encore de recul à Dakar pour avoir toutes les explications sur des profils spécifiques…à suivre !
Mon parcours me permet d’être à l’aise avec tous les âges de la vie, dans différents domaines et formats (entreprises, écoles, séance individuelle ou de groupe). Cela me permet d’aborder, avec une grande ouverture, les problématiques et les situations qui me sont présentées.

Peut-on pratiquer la sophrologie et l’hypno thérapie avec tout le monde, ou au contraire, y-a-t-il des personnes pour qui ces techniques ne sont pas conseillées ?
̶ Merci Béatrice pour cette question importante. Je vais répondre sur ma pratique de la sophrologie et de l’hypnose, cela n’engage que la mienne… J’accepte d’accompagner les personnes en capacité de formuler des demandes claires et de présenter leur situation avec un bon niveau de conscience. Je ne suis ni psychothérapeute ni psychiatre... C’est très important pour le parcours de soin de la personne et pour moi, je le rappelle régulièrement. Chacun doit être un repère à sa juste place. Mon travail peut être complémentaire avant un suivi psy, après, pendant, c’est très variable.
Pour la sophrologie, il faut être en capacité d’entendre la guidance, donc pas de surdité, c’est la seule limite. Pour l’hypnose, il y a certains profils, notamment des personnes très dissociées, qui présentent un tableau non compatible de travail en état modifié de conscience. Mes expériences en médico-social et psychiatrie, me sont très utiles !Sur le principe, tout le monde est « hypnotisable » il faut juste le vouloir.

À ton avis, que viennent chercher chez toi les personnes qui prennent rendez-vous pour une séance ?
̶ Les personnes cherchent une écoute professionnelle, bienveillante et confidentielle. Elles souhaitent régler rapidement des conséquences d’évènements passés, présents ou préparer l’avenir sereinement. Globalement, elles recherchent des capacités qu’elles ignorent posséder déjà pour amener du changement dans leur comportement, là est toute ma contribution. L’âme agit !
Au vu des circonstances particulières actuelles, continues-tu de pratiquer ton activité ? Si oui, comment ?
̶ J’ai repris depuis peu suite aux sollicitations de personnes que je voyais régulièrement avant le Covid 19 et par de nouvelles personnes demandeuses d’accompagnement. Le confinement a mis en lumière, pour beaucoup, des problématiques avec souvent des indicateurs de stress important. Je respecte les gestes de protection classiques et les rappelle aux personnes avant le rdv. Je ne prends que 2 personnes par ½ journée pour me laisser le temps de nettoyer et d’aérer. Mon bureau est grand et permet d’effectuer les protocoles avec la distance nécessaire. J’ai volontairement moins de matériel à disposition que d’ordinaire, et pas de salle d’attente.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans l’exercice de ton activité professionnelle ?
̶ Observer l’autonomie des personnes en action et leur joie de se retrouver dans des actions créatives… Organiser des conférences, des séminaires bien-être, ma passion c’est l’engagement. Le sourire de la personne accompagnée, les larmes de bonheur quand une personne ressent qu’elle a traversé un tunnel bien sombre et qu’elle en ressort grandie grâce à ses ressources, c’est très gratifiant !
As-tu prévu de te former pour la suite à d’autres techniques complémentaires ? Si oui, lesquelles ?
̶ Je vais débuter dans quelques jours, un nouveau parcours pour être diplômée sur une nouvelle approche de la sophrologie plus axée soins, je suis impatiente ! Et je prévois de poursuivre ensuite une formation sur la thérapie symbolique avancée en hypnose humaniste.
Tu as choisi d’appeler ta page Facebook « La bonheur attitude Dakar ». Pourquoi ?
̶ Ce nom c’est par besoin de partage de ma vision du monde, le pour quoi et le comment de notre existence. Dakar n’est pas une ville toujours confortable à vivre. C’est aussi une ville de tous les possibles et qui bouge, qui s’interroge. Je propose sur cette page des publications sur la sophrologie, l’hypnose et l’auto-hypnose ou sur toute autre pratique qui me semble contribuer au bien-être. J’ai envie d’y partager tout ce qui pourrait nourrir notre esprit, notre corps et notre âme sainement. La bonheur attitude est une attitude avant tout écologique dans le respect de Soi et de l’Autre… C’est ce que je souhaite vivre, j’en vois les bénéfices autour de moi chez d’autres personnes. Je crois au fait qu’en « apprenant la méditation à chaque enfant de 8 ans, nous éliminerions la violence dans le monde en une génération » (Dalaï Lama)…

Selon toi, en quoi consiste le bonheur et est-ce quelque chose qui peut s’inscrire dans la pérennité ? Si oui, comment ?
̶ Le bonheur, pour moi c’est juste une attitude, un accord à passer avec soi-m’aime, et de l’entraînement pour le pérenniser. Le changement commence par Soi, donc je médite beaucoup, je pratique le yoga, le qi gong, je mange sain, je fais de l’exercice physique… Bref j’adopte chaque jour, une attitude qui renforce ma capacité à être heureuse en toute circonstance, à m’étonner, à contempler à trouver que tout ce qui arrive est juste. J’ai des croyances et une philosophie de vie qui m’accompagnent, les 4 accords toltèques ainsi que le 5ème moins connu, des lectures de sages anciens et contemporains… Une attitude que j’aimerais partager !
Tes techniques d’accompagnement proposent-elles des solutions rapides, concrètes et adaptées aux circonstances de vie de chacune/ chacun ?
̶ Oui, c’est vraiment mon objectif et c’est la demande des personnes qui me consultent : j’offre un espace-lieu, mon bureau, et un espace-temps pendant le rdv pour que la personne se concentre sur son objectif (donc avec un délai choisi). J’ai autant de protocoles adaptables que de situations (stress, énurésie, deuil, poids, sommeil, phobies, agressions, écran, séparation, tabac…) des maux de notre société. Par exemple, je peux accompagner un parent durant un divorce comme un enfant.
Tu proposes également des séances de coaching scolaire et professionnel. Tu peux nous en parler ?
̶ Je suis également conseillère en insertion professionnelle, j’ai dirigé un centre de formation pendant quelques années et j’ai porté une casquette de RH. J’ai donc une vision large des attentes des 2 côtés : recruteurs et recrutés. J’utilise un outil que j’affectionne, l’Ikigaï. Le coaching est une autre de mes activités pour laquelle je suis aussi certifiée. Le coaching scolaire permet aux enfants et adolescents de se fixer des objectifs de qualité de vie à l’école, qui est primordial pour qu’un enfant se rende disponible pour ses apprentissages. J’ai travaillé avec des enfants à haut potentiel, des enfants à besoins éducatifs spécifiques. Ils ont souvent des stratégies d’apprentissages qui me surprennent ! Dans le médico-social, j’ai assisté à des miracles pour des enfants que l’on disait « décrochés » avec des troubles sévères du comportement, qui arrivaient à obtenir un titre professionnel malgré leur handicap.
Peux-tu affirmer que tu croies en l’humain et à son potentiel, malgré tout ?
̶ Un grand OUI ! Le doute est le seul obstacle…
Quelles sont les dernières nouvelles ?
̶ Pour l’actualité, le cabinet est resté ouvert tout l’été avec une forte demande, beaucoup d’enfants. Cette période est certainement propice à rendre la souffrance plus visible et à la nécessité de la soulager.
Ma formation en sophrologie thérapeutique est terminée, vive le distanciel dans certains cas ! J’ai justement apprécié les possibilités que proposaient les vidéos-consultations pour le suivi des personnes en mobilité, soit départ définitif du Sénégal, soit simplement en congés ; je m’adapte selon les demandes et les exigences de mon métier.
À partir du 01 septembre, je vais donc officialiser l’ouverture de mes accompagnements en visio également. Par ailleurs, je réfléchie à des interventions en milieu scolaire, cela m’est également demandé. J’attends de voir cela courant octobre pour laisser d’organiser la rentrée scolaire. Voilà les dernières nouvelles concernant mon activité.

Sur quelle citation souhaites-tu laisser nos lectrices et lecteurs ?
̶ J’affectionne les citations, les métaphores, je les utilise en phase de travail pour les suggestions en hypnose.
Je choisis celle-ci pour inciter à l’entraînement, à l’engagement : « Dis-moi et j’oublierai, montre-moi et je me souviendrai, implique-moi et je comprendrai, je saurai faire. » Confucius
Je vous rajoute la citation, pleine de sagesse, d’un petit garçon de seulement 8 ans, qui m’a beaucoup marqué par son parcours : « les défauts n’existent pas, c’est seulement des qualités qu’on n’a pas encore expérimentées ! ».
Clarisse, je te remercie grandement d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je te souhaite une belle route sur le chemin de l’accompagnement des personnes qui se présenteront à toi.
̶ Merci, Béatrice pour ton attention, merci à tous pour votre lecture.

Nota Bene: les aléas de la vie font que Clarisse a quitté le Sénégal ce mois-ci pour retourner exercer en France. Je lui souhaite le meilleur dans cette nouvelle vie.
Crédit photo: Clarisse Taylor
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