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Interview de Gwladys VIVIEN : diététicienne et nutritionniste au Sénégal

Dernière mise à jour : 21 févr. 2022

Bonjour Gwladys. Tout d’abord, je te remercie pour ta participation à cette interview. Aujourd’hui, tu vas nous expliquer en quoi consiste ton métier et à quel point il est primordial de savoir s’alimenter correctement. C’est parti !


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Gwladys Vivien

Dans un premier temps, je te propose de te présenter aux lectrices et aux lecteurs. Depuis combien d’années vis-tu au Sénégal ?

Pourquoi être venue t’y installer ?

Quelles sont les études et les formations que tu as dû suivre pour devenir nutritionniste-diététicienne ?


̶ Je suis ravie de vous faire partager un peu de mon métier qui me passionne. Je me suis reconvertie dans la diététique et la nutrition il y a huit ans, et chaque nouveau patient, atelier ou formation me fait encore plus aimer mon métier.

Le travail de mon époux nous a conduit au Sénégal il y a 16 ans. Je revêtais alors la casquette de journaliste. Après quelques années à travailler pour des médias, dans l’audiovisuel puis dans une ambassade, j’ai fait le pari un peu fou de reprendre les études dans un domaine qui m’attirait fortement, la diététique. J’ai consacré trois années pour passer mon BTS diététique et pour acquérir une expérience professionnelle en France. Cela m’a demandé beaucoup de travail, mais comme le domaine me passionnait, j’ai obtenu d’excellents résultats.


Le BTS est obligatoire pour exercer en tant que diététicienne nutritionniste, néanmoins, selon moi, il est indispensable d’affiner ses connaissances et de se maintenir à jour des avancées scientifiques. Comme nous ne mangeons pas que pour répondre à des besoins physiologiques, j’ai choisi d’effectuer un Diplôme universitaire, D.U., en addictologie à l’Université de médecine Paris Sud, et une formation au Centre de Formation en diététique psycho-comportementale de Lyon.


Pour une meilleure prise en charge des personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable, aussi appelé colopathie fonctionnelle, je me suis spécialisée en Alimentation pauvre en FODMAP’s. Il s’agit d’identifier les aliments contenant des sucres fermentescibles responsables des inconforts digestifs de la personne et de quantifier le seuil de tolérance pour ces aliments.


Ce qui est fantastique de nos jours, c’est que les moyens technologiques nous facilitent l’accès à des webinaires qui nous permettent de nous tenir à jour. Ainsi, j’ai pu suivre les webinaires sur « les alimentations et régimes à l’hôpital en 2020 » et « les nouveaux critères HAS du diagnostic de la dénutrition » proposés par la Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolique, ainsi qu’une visioconférence sur le microbiote.


Enfin, je viens de valider un D.U. de Nutrition du Sportif à l’Université de Paris, qui me donne une expertise pour la prise en charge des sportifs professionnels ou amateurs et également pour lutter contre la sarcopénie qui touche les personnes âgées.



Pourquoi avoir choisi ce métier plutôt qu’un autre ? Qu’est-ce qui t’attire à accompagner les gens sur cet aspect-là de leur vie ? Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier exactement ?

Est-ce une pratique paramédicale récente ?


̶ J’ai toujours privilégié la prévention de la santé par une bonne hygiène de vie via une alimentation saine, l’activité physique, la vaccination et des visites régulières chez les médecins. Ainsi, cela permet de diminuer la nécessité du curatif (médicaments et antibiotiques).


De nos jours, je pense que les sociétés pharmaceutiques font tout pour pousser les gens vers l’utilisation de leurs produits, et cela freine l’activité des métiers de prévention. Ce qui est d’ailleurs flagrant avec les compléments alimentaires, vendus parfois comme des pilules miracles alors que nous savons que les nutriments et micronutriments des aliments traditionnels sont bien mieux absorbés par le tube digestif. Et quand on voit que dans certains comprimés les taux sont plus de dix fois supérieurs aux Apports Nutritionnels Conseillés, ANC, on peut se poser la question de la toxicité.


Les médecines douces ont leurs limites et je suis pour les thérapies médicamenteuses, mais je suis convaincue que la prescription de l’activité physique et celle d’une prise en charge diététique seraient plus bénéfiques pour la santé.


La diététique est la science qui permet de définir les quantités et les qualités des aliments recommandées à un individu ou à une population pour lui garantir une santé optimale. La nutrition est la science des nutriments et micronutriments qui composent les aliments. Les diététiciens nutritionnistes sont formés pour tout type de population des bien portants (femme enceinte, allaitante, enfant, nourrisson, adulte, sportif, sénior) et pour les régimes thérapeutiques prescrits par les médecins, ce qui peut être très varié : intolérance alimentaire, diabète, hypertension, obésité, chirurgie bariatrique notamment.


Ce qui fait toute la complexité de mon métier, c’est que nous ne sommes pas des robots et que l’environnement, les goûts, le moral, les envies, les résistances inconscientes, les idées préconçues, le budget consacré à l’alimentation et autres contraintes, rendent chaque consultation unique. À moi de m’adapter pour guider le patient vers son objectif et de l’accompagner vers l’autonomie.



Quelles sont les principales raisons pour lesquelles les gens viennent te voir ?

Est-ce que tu reçois plutôt des hommes ou des femmes ? Pourquoi, à ton avis ?

Peux-tu également accompagner les enfants et les femmes enceintes ?


̶ Comme je suis en cabinet libéral, une grande partie des demandes concerne la gestion du poids (prise ou perte). Homme, femmes, enfants, la patientèle est assez disparate, mais je m’aperçois que de plus en plus d’hommes viennent me consulter.


J’accompagne aussi les personnes diabétiques, les diabètes gestationnels, les hypertendus, les sportifs qui veulent améliorer leurs performances et les personnes souffrantes de syndrome de l’intestin irritable.


Une séance dure entre trente minutes et une heure. Mon objectif est que la personne sorte de mon bureau avec un message clair en tête, prêt à tout de suite mettre en action. Ce sont les petits changements du quotidien qui apportent de grands résultats. Le nombre de séances est en fonction de l’objectif, des connaissances, et de tous les paramètres qui peuvent interférer comme par exemple les aliments émotionnels.



En quoi ta discipline vient -elle compléter la médecine classique ?


̶ Une partie de mon travail concerne la prévention de la santé. L’autre partie est l’adaptation de l’alimentation en fonction de la prescription du médecin. D’autre part, il ne faut pas oublier que l’activité physique et l’alimentation sont la base.


À ton avis, les gens ont-ils facilement le réflexe de consulter une spécialiste comme toi, ou au contraire, viennent-ils te voir sur les conseils de leur médecin traitant ? Ou d’un proche ?


̶ La diététique est un sujet qui passionne, la preuve en est que tout le monde à son mot à dire sur le sujet. Malheureusement, beaucoup d’informations erronées circulent sur internet ou dans les magasines. Beaucoup de personnes veulent également apporter leur aide sans être réellement qualifiées (coach, Conseil en nutrition…). Seuls les Diététicien Nutritionniste diplômés en BTS diététique ou en DUT Biologie option diététique, et les Médecins Nutritionnistes sont formés en diététique.


Il y a-t-il des personnes que tu ne peux pas accompagner ? Si oui, pourquoi ?


̶ Je ne joue pas aux apprentis sorciers, je ne prends en charge que des personnes pour lesquelles je suis compétente. Si je sais qu’un(e) collègue est spécialisée dans un domaine pour lequel je ne le suis pas, je ne manquerai pas de lui adresser la personne.


Il y a quelque temps, tu as également écrit un livre intitulé « Alimentation et ramadan ». Tu veux nous en dire plus ?


̶ J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire Alimentation & Ramadan, car d’une part cela me permettait de revêtir mes deux casquettes : journaliste et diététicienne. D’autre part, cela me donnait l’opportunité de répondre aux questions classiques qui me sont posées pendant le ramadan et de divulguer cette information à un plus grand nombre. Conseils pratiques et idées recettes, mon but était de faire un livre utile, facile et agréable à lire. Il est disponible en librairie et en téléchargement.



L’année dernière, tu étais invitée au forum international de la gastronomie française qui se déroulait à Dakar. Quel était l’intérêt pour toi que de rencontrer de grands chefs étoilés lors de cet événement ? Sur quoi avez-vous échangé ?


̶ Léopold Ajiahoung, Diététicien et Chef cuisinier Camerounais, m’a fait le plaisir de m’inviter à cette rencontre. Léopold est un passionné de cuisine et de diététique, qui met tout en œuvre pour favoriser les bonnes rencontres et faire avancer les choses.


Pour moi le plaisir de manger est indispensable, peu importe son objectif. Sans plaisir c’est l’échec garanti. Une cuisine raffinée peut tout à fait être compatible avec une alimentation saine et équilibrée, au contraire. Et c’est dans ce sens-là que je pense que nos deux professions ont tout intérêt à travailler main dans la main.



Pendant la période de confinement, nous avons pu constater la création de nombreux groupes sur les réseaux sociaux, comme « la cuisine des confinées », par exemple. À ton avis, la situation sanitaire mondiale a-t-elle tendance à faire en sorte que les gens mangent mieux en restant plus chez eux, ou au contraire, à ce qu’ils grignotent plus et prennent du poids ?


̶ Certains profitent de cette période pour se recentrer sur eux-mêmes, prendre soin d’eux, ce qui est difficile en temps normal avec la course contre la montre perpétuelle. J’espère qu’ainsi, ils apprendront à faire d’eux une priorité et qu’ils verront ainsi qu’ils améliorent leur bien être, leur moral et leur gestion du stress ainsi que leur performance intellectuelle.

Pour d’autres personnes, la pandémie a un impact sur la façon de manger : on mange parce qu’on s’ennuie ou parce qu’on est stressé ou triste. En plus pour beaucoup de famille le budget consacré à l’alimentation est diminué et les produits achetés sont de moins bonne qualité.



Récemment, tu as validé un diplôme supplémentaire en « nutrition du sportif ». Qu’est-ce que cette nouvelle qualification t’apporte dans le cadre du suivi que tu peux offrir aux personnes qui viennent te voir ?


̶ Ce diplôme m’apporte une expertise pour adapter l’alimentation à toute activité physique, aussi bien aux sportifs professionnels qu’amateurs, ou encore pour les personnes âgées. Car l’alimentation a une grande importance pour améliorer la performance, limiter le risque de blessure, diminuer le temps de récupération, éviter les troubles digestifs chez le sportif ; et adapter les apports alimentaires peut également permettre de limiter la fonte musculaire quand une personne se blesse ou liée à l’âge, qu’on appelle la sarcopénie. Encore un domaine passionnant, surtout pour moi qui suis une sportive !


Sur quelle citation souhaites-tu laisser les lectrices et les lecteurs ?


« Bien manger, c’est si facile et c’est si bon, surtout quand on prend conseil auprès de son diététicien ! »

Gwladys, je te remercie d’avoir répondu à mes questions et de nous avoir expliqué en quoi consistait ton métier.



Pour contacter Gwladys VIVIEN :

Téléphone : +221 77 333 71 27

Route de Ouakam, Immeuble le Sawa, Bloc B, 2ème étage, Dakar

Sur Facebook et sur Instagram

Crédit photo : Gwladys VIVIEN et Pixabay


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