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Réhabiliter les seniors dans la littérature française


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Réhabiliter la place des seniors dans la littérature française contemporaine

Ce post pourrait commencer ainsi : « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers, que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? » (Le Cid, Corneille). Mais nous n’allons pas nous intéresser aux écrits du XVIIe siècle. Ma réflexion porte sur des romans plus récents, sortis entre le XIXe siècle et cette année.


Comment la place des seniors a-t-elle évolué dans la littérature française au cours des derniers siècles ? D’Un cœur simple de Flaubert (1877), en passant par Monsieur Parent de Maupassant (1885), ou encore Le père Goriot de Balzac (1835) et La Vieillesse de Simone de Beauvoir (1970), les études et les descriptions littéraires sur le thème du vieillissement de l’Homme sont nombreuses. Ces textes mettent en lumière une conception générale de leur époque sur le sujet. Et le sujet semble avoir été capable de s’adapter à son temps. Et c’est tant mieux, car, il y a quelques années encore, la plupart des romans du grand public avaient pour héros un homme ou une femme aux mêmes critères récurrents : jeune, en bonne santé, séduisant.e, actif.ve (voir hyperactif.ve).


Margery Vibe Skagen est maître de conférences à l’université de Bergen. Sa spécialité est la littérature française et ses recherches portent sur les relations entre la littérature et les savoirs. Dans l’une de ses publications, portant sur le cas du vieillissement, elle écrit ceci :


« La légitimité des études littéraires repose sur leur pouvoir de communiquer un savoir existentiel, leur pouvoir de produire des compétences interprétatives qui permettent de lire, non seulement des textes, mais soi-même, les autres, le monde : pour mieux comprendre, pour mieux agir. Le vieillissement humain, comme phénomène subjectif universel, doit trouver sa vraie place au centre des disciplines culturelles et humanistes. »


Peu à peu, le lecteur semble prêt, de nouveau, à accepter le fait que vieillir est à la fois un phénomène naturel et inhérent à chaque être humain. Et lors de mes dernières lectures, cette réflexion s’est imposée avec évidence : il est grand temps de réhabiliter pleinement les séniors dans la société française contemporaine. En effet, que ce soit à travers la lecture de Merci, Gracie, thank you (de Julien Sandrel, 2022), Le sens de nos pas (de Claire Norton, 2022) ou Une vraie mère… ou presque (de Didier Van Cauwelaert, 2022), on sent la volonté de ces auteur.e.s français de placer les seniors au centre de leur histoire. La première auteure française qui, pour moi, a été une précurseur dans ce domaine et a ouvert les portes à une littérature qui replace les seniors dans la course, c’est Anne-Gaëlle Huon avec notamment Le bonheur n’a pas de rides (2017). L’écrivaine a également un compte sur Instagram (Paroles_de_Grandsmeres) qui compte près de 20.000 abonné.e.s, une page drôle, remplie de citations, extraites de ses romans :


Anne Gaelle Huon citation paroles de grand mere instagram
Paroles de Grandmeres - Compte Instagram - Anne-Gaëlle Huon

Trop longtemps, notre société française a placé sur le banc de touche les seniors, en reniant presque leur existence dans la littérature contemporaine. L’enquête journalistique de Victor Castanet, Les fossoyeurs : Révélations sur le système qui maltraite nos aînés, fait beaucoup de bruits depuis sa sortie en janvier dernier. Et j’ai envie de dire que c’est tant mieux ! Il est grand temps que l’on arrête de se voiler la face au sujet de notre manière de traiter nos seniors. Une société qui renie ses ainé.e.s est une société malade. Elle ne peut pas évoluer positivement. La transmission générationnelle passe par nos aïeux. Les seniors nous ouvrent le chemin de la vie, ils nous montrent la voie qui, un jour, sera aussi la nôtre, si, à notre tour, il nous est offert de vieillir.


Le poète italien Arturo Graf écrivait ceci au sujet de la vieillesse :


« La vieillesse commence au moment où la personne a perdu sa capacité d’apprendre ».


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Réhabiliter la place des seniors dans la littérature française contemporaine

BBB


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