Bonjour Malik. Merci d’avoir accepté cette interview.
Peux-tu te présenter aux lectrices et lecteurs ?
— Bonjour Béatrice, et bonjour à tous. Je suis Malik SAMB, 30 ans, j’ai grandi au Sénégal où j’ai passé ma scolarité au Lycée Jean Mermoz avant de m’envoler pour la France en 2009 pour mes études supérieures. Après des études en droit et en administration publique à la faculté de droit Paul Cézanne, j’ai fini mon cursus universitaire à Sciences Po Paris en Maîtrise de Sociologie des Relations Internationales. Ensuite se sont enchaînées différentes expériences dans le secteur privé avant le basculement du confinement qui m’a poussé vers mes premiers amours, l’écriture et le livre. C’est dans cette période que j’ai pu travailler au sein de la librairie CHANTELIVRE et commencer la rédaction de mes romans.
Où vis-tu actuellement ? Pourquoi ?
— Alors actuellement, je suis en plein processus de déménagement de la région parisienne, plus précisément Issy-les-Moulineaux, pour retrouver la belle région du Var dans le sud de la France.
En tant que primo-romancier, peux-tu nous expliquer ce qui t’a donné l’envie de te lancer dans l’écriture d’un livre ?
— Écrire a toujours été une de mes activités favorites. Que ce soit pour m’échapper dans les premières esquisses de poèmes, nouvelles ou scripts, tout comme pour me réfugier dans les lignes d’un journal intime. La lecture a aussi été un des facteurs déterminants à mon envie d’écrire. Plonger dans de multiples univers, voyager à travers le temps et l’espace et surtout procurer du plaisir, du divertissement et de l’imaginaire, voilà ce que j’ai pu ressentir au travers de toutes mes lectures et qui m’a donné, à moi, l’envie d’écrire et d’y contribuer.
Lorsque tu as commencé à écrire, avais-tu déjà en tête que ton manuscrit serait, une fois terminé, disponible à un lectorat ?
— Pas vraiment. Pour être honnête, j’ai d’abord écrit ce livre pour moi. Comme une sorte d’exutoire de cette période difficile que tous nous traversions avec la pandémie, mais aussi de manière personnelle par rapport à certaines périodes difficiles de ma vie. Maintenant terminé, il est vrai que j’ai ce qu’on pourrait qualifier de « cœur de cible », mais ce livre a vraiment pour ambition de trouver son public. Son principal objectif, étant d’amener ce qui n’ont pas ou plus l’envie, le temps ou l’intérêt de lire, de s’y remettre.
Il y a quelques jours, tu as sorti ton premier roman intitulé « Le chêne blanc ». De quoi parle ce livre ?
— Ce livre est l’histoire de Kaleb, jeune sénégalais de la diaspora qui, face aux accusations de trafic d’êtres humains pesant sur l’entreprise familiale dont il est héritier, sera amené à vivre de multiples aventures qui le mèneront sur les traces de son ancêtre Kemi. Ancêtre qu’il rencontre au pied d’un arbre, dans ce qu’il ne croit être qu’un rêve…
As-tu prévu une suite ?
— Oui. « Le Chêne Blanc » est le premier tome de la saga des « Chroniques d’un Rêve » que j’envisage en quatre volumes.
L’as-tu déjà écrite ?
— Oui, le deuxième tome, « Les Fleurs de Cerisier », est achevé est en cours de relecture et correction.
Pour quel choix as-tu opté concernant l’édition ? As-tu entrepris des démarches auprès de maisons d’édition en Europe et/ ou en Afrique ? Ou, au contraire, as-tu fait sciemment le choix de l’autoédition dès le départ ? Pourquoi ?
— Dès le départ, je suis parti sur le choix de l’auto-édition pour ce premier tome et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, par précaution car étant primo-romancier je me doutais que peu de maisons d’édition sauteraient sur ce manuscrit, au vu de la quantité de jets et auteurs qui comme moi, poussent pour leurs rêves. Ensuite, mon amie et paire Karen ADEDIRAN, avec la sortie de son premier ouvrage « Les Icônes de Kimia » en auto-édition, a été d’une aide précieuse pour m’aider à démêler les avantages et inconvénients de ce processus tout en me recommandant une plateforme d’autoédition (PUMBO) qui, par sa transparence et sa proximité, s’est révélée aussi d’une aide phénoménale. Ainsi, l’aventure de l’autoédition est certes esseulée, mais pas solitaire. Néanmoins, tout auteur pense, voire rêve à trouver une maison. Et c’est ainsi que j’ai été amené à en contacter certaines par le biais d’envois d’un dossier presse, d’un communiqué et de la mise à disposition du premier tome et d’une partie de la suite.
Quelles sont les principales difficultés à surmonter par rapport à ce choix ?
— L’autoédition est un vrai marathon. De la structure narrative, au choix partenarial avec un.e correcteur(trice), à la conception de la couverture, jusqu’à l’élaboration de tableau de coût, de distribution et de financement, beaucoup d’étapes sont à prévoir dans ce qui est véritablement le lancement d’une petite entreprise. En effet, il est même obligatoire de se constituer en micro-entrepreneur ce qui oblige à garder un œil sur plusieurs démarches administratives, de l’obtention d’un numéro de SIRET par exemple, au dépôt légal auprès de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) pour enregistrement de l’ouvrage.
Quels en sont les avantages ?
— L’un des principaux avantages de l’autoédition reste bien sûr la liberté. En effet, toutes les responsabilités listées dans la précédente question s’accompagnent de cette liberté qui permet à l’auteur de rester maître de ses choix et des partenaires et outils mobilisés. Bizarrement, pour moi, l’un des autres gros avantages a été aussi cette responsabilisation personnelle amenée par la gestion de la sortie de cet ouvrage. En effet, c’est mon « bébé » et à ce titre, mon gros avantage est de pouvoir être le meilleur « papa » possible !
Quels sont les conseils à ce sujet que tu souhaiterais partager avec d’autres primo-auteur.e.s ?
— N’hésitez pas à vous entourer ! Je le redis, l’autoédition est une aventure que l’on mène seul, mais pas en solitaire. À ce titre, de la relecture, à la correction, au marketing et à la vente, ne pas hésiter à être accompagné par des professionnels, des semi-professionnels, ou même des membres de l’entourage qui sauront prêter son concours à votre démarche.
Revenons-en à ta saga, Les « Chroniques d’un rêve » et au premier tome : « Le chêne blanc ». De quoi t’es-tu inspiré pour nourrir ton histoire et tes personnages ?
— Pour beaucoup, de ma propre expérience. Certains, qui me connaissent, pourront percevoir des traits de ressemblance entre moi et le personnage principal Kaleb. Toutefois, je pense qu’ils seraient surpris de savoir que je m’identifie plus à un autre personnage, Mégane, mais je n’en dis pas plus. Mon histoire s’est nourrie de mes voyages, de mes rencontres, de mes centres d’intérêts et de mes curiosités. C’est cliché. Mais c’est vrai. L’apport indéniable qu’a été mon appartenance à plusieurs pôles culturels est venue renforcer mon imaginaire et par là l’écriture.
En tant qu’auteur.e, on a toujours une préférence pour l’une ou l’un d’entre eux/ elles (même si on ne l’avoue pas toujours). De tous tes personnages présents dans la saga, quel est ton préféré ? Pourquoi ?
— Comme je disais dans la précédente question, je m’identifie plus à Mégane, personnage central du roman, qui partage avec moi cette envie d’ailleurs, cette envie de voyage et de découvertes et peut-être cette aberration pour ce qui ressemble trop à des parcours prédestinés, fatalement attribués. Deux de mes autres personnages me parlent et me plaisent beaucoup. Mélissa, la « plus célèbre pirate de la Mer intérieure », là aussi peut être du fait que j’ai toujours quelque part voulu en être un. Et Marion TUJON, vieille femme sur son île de la Réunion. J’ai aimé travailler ce personnage dans son rapport au temps qui passe et à l’acceptation des aléas de la vie.
Pour ma part, j’attends avec impatience l’arrivée du tome 1 dans les librairies dakaroises (bientôt chez Plumes du Monde et aux 4 Vents) pour le lire. Mais, il y a quelques mois, tu m’as offert la possibilité de découvrir le tome 2 en exclusivité : « Les fleurs de cerisier ». Et je t’en remercie, car j’ai passé un superbe moment de lecture. J’ai trouvé Amina, ton personnage principal, très ambitieux. L’histoire se déroule entre le Japon et l’Afrique. J’ai adoré ! Et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’audace dans ton écriture, une volonté de s’émanciper de certains carcans de pensées, aussi. Telle était une de tes volontés sous-jacentes ou me fais-je des illusions ?
— Merci beaucoup pour ton retour et tes mots encourageants. Oui c’est un voyage vers le Pays du Soleil Levant et le monde des yakuzas vers lequel j’ai eu envie d’amener le lecteur. En effet j’ai voulu sortir de plusieurs carcans, comme tu le dis très bien. Mon premier était de décentrer le regard de la migration et de la Diaspora. En effet, il m’est apparu que, trop souvent, les auteurs francophones limitaient leur perception de la diaspora vers un univers francophone (France, Canada, Belgique…). Étant passionné du Japon et au vu de la forte communauté japonaise ayant vécu ou vivant au Sénégal, j’ai imaginé cette histoire où un couple métis sénégalo-japonais se construirait et permettrait donc d’amener mon histoire vers un autre centre de réflexion, un autre contexte de lieu, mais toujours dans le même paradigme, la Diaspora. Deuxième carcan que j’ai voulu essayer de tordre, celui de la sexualité. Mon personnage principal dans ce deuxième tome est homosexuel. Toutefois, j’ai voulu que cela ne soit ni provocateur ni caché, mais juste se transcrive comme toute histoire d’amour et de sentiments entre deux êtres vivants. Certes, un petit « pique » est envoyé vers certains des esprits conservateurs, du Sénégal, au Japon, à la France.
Quelle est ta définition d’un auteur accompli en 2022 ?
— Un auteur accompli… Un auteur qui se lit.
Quels sont tes projets d’écriture ?
— Je commence à mettre en ordre mes réflexions sur les autres volumes à suivre. Toutefois avec la fin du deuxième tome, « Les Fleurs de Cerisier », j’ai eu envie, en tant qu’écrivain, d’aller me tester sur un autre terrain d’écriture, le polar. Et c’est ainsi que j’ai mis, depuis quelques semaines, la saga des « Chroniques d’un Rêve » de côté, pour me lancer dans l’écriture d’un roman policier qui je l’espère en amènera d’autres. L’histoire se passe à Marseille où le capitaine Basile Touré, accompagné du commissaire Adriana SUAREZ que les lecteurs auront découvert dans mon premier roman « Le Chêne Blanc », sera amené à enquêter sur la mort d’un candidat à l’élection présidentielle sénégalaise.
Sur quelle citation souhaites-tu laisser les lectrices et les lecteurs ?
— « Ne laissez pas la vue de ceux qui mangent leur récolte, vous pressez à manger vos semences. » Je ne sais pas du tout de qui elle est, je l’ai vu un jour sur Instagram mais depuis, cette phrase me permet de relativiser, de garder confiance et surtout ce même élan de partage et de communion avec tous les cœurs en rébellion qui sont chacun, d’une manière ou d'une autre sur la route de leurs propres succès.
Malik, merci pour cette interview. Je te souhaite le meilleur pour la suite de tes aventures littéraires et un beau chemin aux « Chroniques d’un rêve ».
— Merci à toi Béatrice, et à tous les lecteurs et lectrices !
Crédit images: Malik SAMB.
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