Où allons-nous ? Aux Marquises, sur l’île d’Hiva Oa, à plus de 1000 kilomètres de Tahiti, là où sont enterrés Gauguin et Brel, et bien d’autres.
À quelle époque ? Contemporaine
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
Un grand écrivain français du nom de Pierre-Yves François (PYF, pour les intimes) réussit à décider son éditrice, Servane Astine, à organiser un atelier d’écriture, aux fins fonds des Marquises, sur un bout de terre, perdu au milieu de l’océan. Sur 31 859 participants, cinq lectrices sont tirées au sort. Grandes lauréates du concours, toutes passionnées par le monde littéraire et les écrits de PYF, elles débarquent sur l’île pour travailler leur technique, aux côtés du maestro, Au soleil redouté, la pension locale et la plus proche du village d’Atuona. L’une d’entre elles se verra récompensée par la maison d’édition de PYF et sera publiée.
Je vous présente rapidement les personnages principaux, retenus pour l’atelier d’écriture qui se déroule sur une semaine.
Clémence Novelle, la trentaine, parisienne et célibataire (« à l’exception de quelques amants-vampires que le soleil du matin fait généralement fuir »), plutôt garçon manqué avec ses shorts de baroudeurs et ses cheveux coupés courts.
« Car dans ma tête, j’aime ce que les garçons n’aiment pas trop : les mots ! J’ai candidaté à cet atelier d’écriture organisé à Hiva Oa uniquement pour ça : les coucher, les border, les laisser rêver, jusqu’à ce qu’ils composent un roman, mon roman, ma bouteille à l’océan. » (P.24)
Martine Van Ghal, que l’on surnomme Titine, la mamie belge, amoureuse de ses 10 chats restés dans son pays plat, reine des réseaux sociaux avec son blog littéraire qui génère des milliers de vues à chaque post.
« Je ne connais Titine que depuis deux jours, mais je l’adore. Je craque pour sa coquetterie de grand-mère, se faire appeler Titine plutôt que Martine, ses bizarreries vestimentaires, ses robes à dentelles ou ses shorts à bretelles, ses cheveux blancs en couettes piquées de fleur de tiaré. Titine a dû être belle, très belle, elle est juste devenue un peu trop obsessionnelle avec son amoureux éternel… Jacques Brel ! » (P.32)
Farèyne Mörssen, la quarantaine, une femme à la beauté froide et peu expansive de ses émotions, avare de mots, mais passionnée par son travail et l’écriture. Elle est venue accompagnée de son mari, Yann.
« D’après ce que j’ai compris, Yann est breton et Farèyne est danoise, enfin d’origine. Farèyne est policière, patronne dans un grand commissariat de Paris. Yann est flic lui aussi, mais gendarme, dans une campagne autour de Paris. Ils ont le même âge, la quarantaine, je dirais, mais visiblement pas la même carrière ! Peut-être que chez les flics, c’est pareil que chez les artistes, il ne faut pas seulement du talent pour devenir commandant, juste du travail et de la sueur. Et que Yann a moins bossé. » (P.34)
Eloïse Longo, la plus silencieuse et discrète des convives. Elle a à peu près le même âge que Clémence. Elle passe la majorité de son temps à dessiner « des gribouillis sombres représentant des enfants ». Belle et énigmatique, Eloïse ne semble pas prête à se révéler.
« C’est la plus sexy des cinq, de loin, même si Clem, dans le genre aventurière, a beaucoup de charme aussi. Eloïse, elle, emballe son corps de poupée dans toute une collection de petites robes fleuries, et ne vous regarde presque jamais en face, elle se contente de vous offrir un profil à faire se fissurer toutes les pyramides d’Égypte […]. » (P.37)
Marie-Ambre Lantana, la quarantaine bien sonnée, riche, exubérante, fêtarde et frivole. Elle est venue accompagnée de sa fille, Maïma, 16 ans. Maïma n’a ni ses yeux ni sa langue dans sa poche. C’est d’ailleurs elle qui nous raconte une grande partie de cette aventure. Et voici ce qu’elle confie au sujet de sa mère dont elle décrit le portrait au début du roman :
« Qui d’ailleurs pourrait deviner que Marie-Ambre est ma mère ? Elle est tout l’inverse de moi. Le jour et la nuit, c’est le cas de le dire ! Aussi blonde que je suis brune, parfumée d’une fragrance d’Hermès hors de prix, maquillée, chapeautée d’une couronne de raphia tressé, peau dorée assortie à ses bracelets. » (P.32)
À mon humble avis :
Le dernier roman de Michel Bussi vaut incontestablement le détour ! Sur la dernière de couverture, on peut lire : « Orfèvre des intrigues alliant tension et émotion, Michel Bussi est devenu […] un des écrivains préférés des Français ». Ce que je peux vous garantir c’est que si vous êtes une/un adepte des romans policiers qui dépaysent, vous serez largement servi(e). L’auteur va littéralement vous retourner le cerveau et avant que vous ne trouviez qui est en train de tuer les convives de l’atelier d’écriture, vous aurez soupçonné tous les protagonistes au moins une fois… sans pour autant découvrir l’assassin, la liste des meurtres continuant de s’allonger !
Ce qui fait la différence :
L’auteur vous immerge dans l’atmosphère moite et tropicale des îles Marquises. Des senteurs aux odeurs, des gouts aux couleurs, il ne laissera rien au hasard et vous plongera très rapidement dans le décor paradisiaque des lagons infinis à l’eau cristalline. Mais restez tout de même sur vos gardes, car le meurtrier n’est jamais très loin dans ce « huis clos à ciel ouvert ». Et très rapidement, la tension va monter d’un cran. Les découvertes vont s’accumuler, les secrets de chacune et les cadavres avec…
Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce roman, c’est la part de culture ajoutée, si je puis le formuler ainsi. En effet, on sent que l’auteur a vraiment approfondi son sujet et sa connaissance de la culture des Marquisiens. J’y ai découvert l’univers de ses tatouages sacrés et de ses « tikis » envoûtés, taillés dans la pierre, dans la pure tradition ancestrale de ces îles, perdues au milieu de l’océan.
Je ne vous en dirai pas plus, car il y a des secrets qui ne doivent pas être dévoilés.
Je vous laisserai sur les paroles de Jacques Brel, ces mêmes paroles qui ont certainement bercé l’auteur pendant qu’il écrivait son manuscrit, Au soleil redouté, le regard plongé dans une toile de Gauguin, en guise d’inspiration :
« Ils parlent de la mort, comme tu parles d’un fruit.
Ils regardent la mer, comme tu regardes un puits.
Les femmes sont lascives, au soleil redouté,
Et s’il n’y a pas d’hiver, cela n’est pas l’été. »
Les Marquises.
Belle lecture à vous !
432 pages / Février 2020 / Presses De La Cité
Retrouvez tous les romans de Michel Bussi chroniqués sur le site: Michel Bussi
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