Olivier Norek fait partie des seigneurs contemporains du polar sombre français ! L'exercice d'écriture qu'il a accomplit dans son dernier roman, Dans les brumes de Capelans, en est une preuve incontestable. Ce roman est totalement addictif : une fois que vous l'aurez entre les mains, vous ne le lâcherez plus. L'enquête est menée d'une main de maître et la chute est juste sidérante ! Et j'ai plongé avec Norek, j'ai plongé profond, dans l'abomination humaine, dans toute son horreur : kidnappings d'adolescentes, séquestration, viols et sévices. Bref, la totale du polar noir. Mais, comment vous dire ? Même si ce style de roman est loin d'être ce vers quoi je me dirige d'habitude, j'ai complètement mordu à l'hameçon.
Le premier morceau de l'appât, c'est avant tout le titre intriguant du livre : les brumes de Capelans. Vous connaissez ? Moi pas, jusque là. Alors, il s'agit d'un phénomène météorologique qui se produit durant plusieurs semaines sur l'archipel française de Saint-Pierre-et-Miquelon, au large de l'île canadienne de Terre Neuve. La mer est alors déchaînée, il fait des températures glaciales et une épaisse brume recouvre l'île, à tel point que l'on n'y voit pas à deux mètres. Bref, le décor idéal pour un flic sous couverture depuis six ans, une réfugiée et un tueur en série !
Le capitaine Coste a disparu officiellement depuis 6 années. Il travaille dorénavant pour le gouvernement, sur des missions classées secret défense. Il occupe une maison sur l'île, plutôt une forteresse blindée, dans laquelle il reçoit des hommes et des femmes qui ont trempé dans des affaires louches (extorsions de fonds, hacking, trafics...) et il joue le rôle de "peseur d'âme". Dans le cas où il estime que ses "visiteurs" sont dignes de confiance et ont décidé de se racheter en partageant des informations précises, il leur permet d'obtenir une nouvelle vie, dans le cadre du programme de la protection des témoins. Dans le cas contraire, ils sont renvoyés sur le continent et remis aux mains de la justice. Officiellement, Coste a pour mission de surveiller, avec une équipe réduite de policiers, les entrées et les sorties sur l'île, par voie aérienne et maritime. Même ses hommes ne savent pas le vrai rôle qu'il joue sur l'île.
"Il avait eu une équipe, elle avait été sa famille, mais il n'avait pas su la protéger. Il avait voulu démissionner, il l'avait même écrit et signé, mais en dernier recours, on lui avait proposé ce job. L'idée était venue directement de Fleur Saint-Croix, une magistrate qu'il avait connue il y a des années, en qui il avait confiance, et qui avait été propulsée à la tête d'un tout récent service. Un job parfait pour lui, elle le lui avait assuré, où il ne fréquenterait que des ordures, elle le lui avait promis. Un job où il ne risquait de croiser personne de son ancienne vie, là-bas, au bout du monde, et il avait dit qu'il y penserait". (page 29/30)
En parallèle, il y a Anna. A l'âge de 14 ans, Anna disparaît en pleine nuit. Lorsque ses parents se réveillent le lendemain matin, Anna n'est plus dans sa chambre. Au départ, les policiers vont penser qu'elle a fugué. Peu de temps avant, elle a accusé son père de viols répétés, et lorsque la police débarque au domicile familiale et fouille la maison, ils découvrent quatre trous extérieurs sur la porte de la chambre de la jeune-fille : un cadenas permettant de verrouiller la pièce depuis le couloir y avait été installé jusqu'à peu. Anna ne sera retrouvée que dix ans plus tard dans une cave sordide, par le commandant Russo qui enquête sur la disparition d'une autre adolescente. Mais Anna est en état de choc. Elle refuse de parler et ne confie aucune information précieuse sur son ravisseur qui a pris la fuite avant l'arrivée de la police.
"Incrédule, Russo écarta les deux uniformes qui barraient sa route, mit difficilement les genoux à terre, et malgré les dix années passées, reconnut sans un doute celle qui posait un regard effrayé sur lui. Comment oublier ce visage ? Après un moment suspendu, elle se jeta dans ses bras, le déséquilibrant jusqu'à le faire s'asseoir complètement. Il hésita, puis la serra fort dans ses bras. Voilà dix ans qu'ils avaient conclu à une fugue, voilà dix ans qu'elle était là". (page 23)
Et c'est ainsi que peu de temps après avoir été retrouvée, elle est finalement envoyée chez Coste, le seul qui semble capable de la mettre en confiance et de la faire parler. Le temps presse. Un assassin court toujours les rues.
429 pages / sorti en avril 2022 aux Editions Michel Lafon
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