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LA CHARMANTE LIBRAIRIE DES FLOTS TRANQUILLES – Jenny COLGAN – Roman

Dernière mise à jour : 21 févr. 2022


la charmante librairie des flots tranquilles jenny colgan
La charmante librairie des flots tranquilles

Où allons-nous ? En Angleterre et en Écosse


À quelle époque ? Contemporaine


Venez, je vous raconte de quoi il est question :


Zoé est une jeune mère célibataire londonienne qui pourvoit tant bien que mal aux besoins financiers de son fils de quatre ans et aux siens. Assistante maternelle dans une crèche pour bambins aux parents huppés, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts lorsque son quartier subit le phénomène de gentrification, si banal dans la capitale. Jaz, le père du petit Hari, et dont les plus grandes ambitions sont de devenir un DJ célèbre, ne semble toujours pas prêt à prendre ses responsabilités. Il finit quand même par avouer à sa sœur, Surinder, qu’il a un petit garçon avec Zoé, et qu’ils risquent de se retrouver à la rue dans quelques semaines. Surinder, restée en contact avec une très bonne amie qui vit en Écosse (Nina, l’héroine du premier volet de la série La Charmante Librairie), contacte cette dernière pour lui proposer l’aide de Zoé. Nina est enceinte et a de plus en plus de mal à concilier son métier de libraire indépendante et itinérante avec sa grossesse.


Mais Nina ne peut pas loger Zoé et Hari. Elle trouve cependant une solution aléatoire : dans la journée, Zoé travaillera aux côtés de Nina dans la librairie-van itinérante. Et après son activité d’aide librairie, elle logera dans une famille singulière (chez les Urquart) qui habite une vaste demeure (The Beeches) aux bords de la Ness et qui a besoin d’une nounou pour les trois enfants (Patrick le plus jeune, Mary la cadette et Shackleton l’ainé, le père étant veuf.


« Nina culpabilisait de déposer Zoé dans cette grande maison bizarre. Elle devrait la ramener chez elle, la nourrir, prendre soin d’elle, mais elle ne s’attendait pas à tomber sur un oiseau blessé (à l’évidence, Surinder avait exagéré en la portant aux nues).» (P.74)


Mais Zoé est loin d’être au bout de ses peines. Les enfants ont déjà vu défilé six filles au pair avant elle. Les pauvres malheureuses ont toutes fini par prendre leurs jambes à leur cou, tant les enfants ont été exécrables avec elles. Quant au père, Ramsay, il est absent la majorité du temps, et lorsqu’il est présent, il est incapable de s’occuper de sa famille. Seule Mme MacDanvers, la gouvernante de toujours de la maison, semble avoir encore quelques bribes d’influence sur les trois petits monstres qui ne vont plus à l’école, car ils en ont été exclus après de nombreux incidents violents (Mary a mordu au sang une camarade de classe !).


« La première porte était ouverte : elle donnait sur une chambre minuscule, qui contenait deux lits simples et un petit lavabo. On aurait presque dit une cellule. Une haute fenêtre avait vue sur l’obscurité la plus complète. Néanmoins, profondément soulagée, Zoé mit Hari au lit. […] Il faisait un froid glacial dans la pièce. […] Elle s’assit sur le lit. Le matelas était si fin qu’elle sentait les ressorts du sommier. Pendant combien de temps faudrait-il qu’elle voie le bon côté des choses ? Bon. Demain était un autre jour. Non ?» (P.82-83)


À mon humble avis :


Si vous avez envie d’un bon gros roman Feel Good, vous êtes à la bonne enseigne, inexorablement ! Pour ma part, c’est ainsi que cela s’est passé. Je voulais changer de décor et laisser mon esprit se balader à travers les Highlands Scottish, déambuler sur la Ness, au gré d’une météo toujours imprévisible. Pari tenu avec Jenny Colgan dont je découvre l’écriture à travers La charmante librairie des flots tranquilles.


Ce qui fait la différence :


« Pauvre Zoé », ne peut-on s’empêcher de penser lorsque l’on débute le roman. Enfance monoparentale, mère célibataire avec un petit garçon de quatre ans qui n’a jamais (voulu ?) parler. Fille au pair, loin de tout repère, avec comme mission le bien-être de trois enfants qui ne l’appellent même pas par son prénom mais plutôt : « Nounou numéro sept ». Un ex petit-ami (le père d’Hari) à qui on a envie de donner de grandes baffes (pardon, fallait que je le dise !). Et Nina (la propriétaire du van librairie) qui est loin d’être à l’écoute de Zoé (ou même dans la compassion).


Zoé, c’est l’archétype de la mère combattante, de la jeune-femme survivante qui, malgré tout, conserve toujours sa bonne humeur et reste persuadée que malgré les difficultés de la vie, chacun a droit à sa part de bonheur et à son petit rayon de soleil, de temps à temps.


Il y a deux choses que j’ai particulièrement appréciées dans ce roman. La première, c’est l’humour omniprésent de l’auteure, disséminé au fil du texte. Jenny Colgan intervient même quelques fois dans le texte :


« En résumé, elle s’automédicamentait avec ses lectures. (Soit dit en passant, en qualité d’auteure de ce roman, qui s’est elle aussi toujours médicamentée avec les livres, je n’ai aucune légitimité ni pour attester ni pour infirmer que c’est la meilleur façon de se confronter à la « vraie vie ». Mais, en qualité de lectrice [tous les écrivains sont des lecteurs qui ont fait un pas de côté], je ne suis pas vraiment certaine de croire en cette « vraie vie ». Je sais qu’une telle affirmation constitue une terrible trahison, mais, avouez-le, murmurez-le, les livres ne surpassent-ils pas la réalité ? Dans les livres, les méchants meurent dans une explosion, terminent coupés en morceaux ou en prison. Dans la vraie vie, ils finissent P-DG ou président.» (P. 277)


La seconde, c’est la magnifique et complice relation mère-fils qu’entretiennent Zoé et son fils. Hari ne parle pas, soit. Mais a-t-on toujours besoin de mots pour dire ce que l’on ressent ? Parfois, souvent, un regard suffit, et un geste aussi.


Belle lecture à vous et bravo à l’auteure !


501 pages / Juin 2021 / Éditions Prisma (traduit de l’anglais)


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