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LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEURS – Olivia RUIZ– Roman

Dernière mise à jour : 21 févr. 2022


la commode aux tiroirs du couleurs olivia ruiz
La Commode Aux Tiroirs de Couleurs

Où allons-nous ? En Espagne et dans le sud de la France.


À quelle époque ? De la fin de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours


Venez, je vous raconte de quoi il est question :


L’Abuela est morte, emportant avec elle les secrets de toute une famille.


« Tant de gens sont venus saluer sa mémoire, ni mon grand-père ni moi ne connaissions la moitié de l’assistance. » (P.11)


La petite-fille, maintenant adulte et mère à son tour, hérite de la commode de sa grand-mère. Et durant une nuit complète, elle ouvre consciencieusement chaque tiroir pour aller en extraire les mémoires du passé, le passé d’Abuela, mais aussi celui de quatre générations de femmes.


« J’ai tellement attendu ce moment que je risque de mourir après l’avoir vécu. Enfin, après tant d’années d’impatience domptée, je vais savoir pourquoi elle s’emballait à ce point pour cacher le secret que renfermaient ces dix tiroirs. Ma grand-mère les nommait ses renferme-mémoire. » (P.14)


À mon humble avis :


J’avais quelques doutes quant à l’acquisition de ce roman, le premier d’Olivia Ruiz. En effet, nous la connaissons sous la casquette de chanteuse et compositrice, mais rien ne garantissait que son virage à 360° dans le monde de l’écriture soit réussi, et pourtant… Ce livre, certainement plus proche de l’autofiction que du roman pur, se lit très vite, et c’est une belle découverte, encline à beaucoup de sensibilité et de savoir-faire. Nombreuses sont les émotions qui m’ont parcouru à la lecture de ce roman. C’est une histoire de vie très humaine, racontée comme j'aime !


Ce qui fait la différence :


Le fil conducteur de ce roman, c’est l’Abuela, Rita, la grand-mère de celle qui nous raconte cette histoire de famille. Âgées d’à peine dix ans, Rita et ses deux sœurs (Leonor, 16 ans et Carmen, 6 ans) fuient une Espagne franquiste. Les parents restent sur place. Elles ne les reverront jamais.


« Les mines défaites de mes parents auraient dû nous mettre la puce à l’oreille sur le quai de la gare. Leurs têtes étaient mises à prix dans tout le pays et au-delà. Condamnés, ils avaient décidé de mettre fin à leurs jours ensemble. Dieu seul sait si d’autres ont connu un tel amour. » (P.23)


Lorsqu’elles arrivent en France, seules, affamées et, ne parlant pas un mot de français, elles atterrissent dans un immeuble où vivent d’autres réfugiés espagnols. Rapidement, c’est la communauté qui prendra le relai pour leur éducation et leur survie.


« Nos travaux manuels paieraient le loyer et le couvert. Carmen et moi pouvions ne travailler que le weekend et intégrer l’école catholique du quartier, qui tolérait les immigrés espagnols, à condition que Leonor, elle, soit à plein temps. […] C’était un lieu d’autogestion, ce qui nécessitait une entraide permanente. Rassurante au début. Pesante à la fin. » (P.37)


Ce roman nous oblige à prendre conscience que, quel que soit le siècle, la peur de la différence, la peur de ce que nous ne connaissons pas, perdure. Rita et ses sœurs, comme tous leurs compatriotes connaîtront, à travers l’exil, la solitude et le mal de vivre. Et un retour en arrière ne leur sera pas envisageable.


« Mais la plupart des gens s’écartaient sur notre passage. On nous regardait comme des bêtes curieuses, ou bien des opportunistes, je n’en sais rien. Je comprends. Un peu. Ce doit être effrayant d’apprendre que quatre cent mille bouches à nourrir débarquent sur ton sol. » (P.33)


Ou encore :


« J’adorais parler le français, je me sentais toute neuve en le pratiquant ; mais les occasions manquaient. […] Alors je poussais le bouchon jusqu’à engager la conversation, pour voir combien de temps mon petit jeu pouvait durer. Je me sentais tellement libre. J’étais leur égale. Je n’éveillais plus ni préjugés ni réflexe de rejet. Le ciel s’ouvrait, pour me donner la chance d’inventer un avenir ambitieux. » (P.39)


Bref, vous l’aurez compris, je ne regrette absolument pas cette acquisition, bien au contraire, car, « La femme chocolat », celle qui « panique à l’idée d’en faire trop ou de vieillir prématurément » nous embarque ici dans une belle aventure humaine où coups du destin et âpreté riment avec foi et amour.


Belle lecture à vous et bravo à l’auteure pour ce premier roman !


192 pages / Juin 2021 / Éditeur d’origine JC Lattès / Le livre de poche


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