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LA CONCESSION - Ndeye Fatou NDIAYE - Roman

Dernière mise à jour : 22 févr. 2022


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La Concession

Où allons-nous ? Au Sénégal, entre Dakar City, les Almadies et la banlieue de Thiaroye


À quelle époque ? Contemporaine


Venez, je vous raconte de quoi il est question :


Bienvenue dans la famille Sy, une famille sénégalaise aisée qui habite une belle villa dans le quartier huppé des Almadies, non loin de la pointe extrême de l’Afrique de l’Ouest. C’est une famille soudée, à la fois respectueuse des traditions africaines, mais également très cosmopolite. Safy et Moctar, les parents attentionnés, ont quatre enfants : deux filles et deux garçons.


Notre héroïne, c’est Kiné, la benjamine de la famille. Amourachée depuis bientôt de deux ans d’un jeune homme, mais toujours pas mariée avec celui-ci, la très jolie jeune femme vit toujours chez ses parents et travaille au Plateau (le centre-ville de Dakar) pour une grosse société de distribution.


« Kiné était une belle femme, avec un teint chocolaté, des yeux en amande et des cheveux qui retombaient sur ses épaules. Elle était raffinée, pleine de vie, et avait toujours le sourire aux lèvres. Lorsqu’elle passait dans la rue, des hommes se retournaient pour observer sa démarche de gazelle. » (P. 13)

Rapidement, on comprend que sa relation amoureuse avec Ibrahima Sall (Ibou pour les intimes) est en train de partir à vau-l’eau. Ibou, issu d’une famille Toucouleur richissime dont le père est entrepreneur, est à la tête d’une grande entreprise de BTP. Ayant toujours baigné dans le luxe et l’opulence, il a, dans le passé, cumulé de nombreuses conquêtes à son tableau de chasse et s’est forgé une « réputation de tombeur » qui « avait fait le tour des endroits mondains ». Mais la belle Kiné lui avait tourné la tête et avait fait de lui un homme sage. Pourtant, Ibou devient de plus en plus distant et de moins en moins sérieux dans son couple.


« Ibou devenait de plus en plus exécrable alors que Kiné s’investissait beaucoup dans la relation. » (P.30)

Le jour où les parents d’Ibou doivent se présenter chez les parents de Kiné pour demander officiellement la main de la jeune femme, le futur gendre se rétracte de la manière la plus cavalière qu’il soit et rompt avec elle… par SMS ! Le cœur tendre et loyal de Kiné se brise en mille morceaux et elle décide de se refermer sur elle-même jusqu’à ce que Cheikh Mbacké Gueye fasse une entrée tumultueuse dans sa vie.


À mon humble avis :


Ce premier roman de Ndeye Fatou Ndiaye est une petite merveille ! Le style littéraire est à la fois fluide et soutenu. L’auteure nous fait découvrir avec beaucoup de sagesse et d’humilité l’intimité des foyers sénégalais et le rythme de vie de sa jeunesse active.


Respecter ses traditions culturelles et religieuses, s’adapter à un mode de vie cosmopolite, faire des compromis, supporter l’insupportable avec le sourire sont autant de thèmes abordés par Ndeye Fatou Ndiaye dans son premier roman. Et l’on ne peut que la féliciter pour son travail d’écriture.


Le choix du titre est très bien choisi, car il pose tout de suite un décor à double signification. En effet, « La concession » est à la fois la maison de famille dans laquelle vivent ses membres : parents pour les uns, beaux-parents pour les autres, frères, sœurs, beaux-frères, belles-sœurs, descendants et descendantes, bref un ensemble d’habitations occupées par une famille autour d’une cour. Mais le titre nous ramène également au sens étymologique du terme : l’abandon d’un avantage, d’un droit, d’une prétention. Mais jusqu’où ? C’est ce que vous découvrirez en lisant La Concession.


Ce qui fait la différence :


Ne vous y trompez pas, ce roman n’est pas parfumé à l’eau de rose et à l’encens, bien au contraire ! Les émotions vécues par Kiné, le personnage principal, sont vives et souvent violentes, émotionnellement et psychologiquement. Kiné va aimer, Kiné va souffrir. Mais Kiné va-t-elle renoncer et se résigner pour autant ?


Impossible de finir cette chronique sans vous parler de deux femmes importantes, glissées en trame de fond de La Concession, et dont les tempéraments donnent véritablement du caractère au roman.


Alors, parlons de la mère de Cheikh, Mère Rama, « la dame de fer ». C’est la peau de vache de belle-mère dans toute sa splendeur (passez-moi l’expression familière, mais si juste dans cette circonstance !). Elle est mauvaise au possible, manipulatrice et inquisitrice. Bref, c’est un vrai poison à elle toute seule. Elle va mettre le Karma de Kiné à rude épreuve !


« Acariâtre, volubile et surtout très imbue de sa personne, Mère Rama ne manquait aucune occasion de se faire remarquer. Elle aimait lancer des piques acerbes à l’endroit de ses belles-filles dont le malheur était de ne pas assez la couvrir de cadeaux et d’argent. […] Elle disait à qui voulait l’entendre qu’elle était la reine chez elle et que seules ses décisions étaient appliquées. […] Elle se pavanait et se dandinait, en bonne drianké saint-louisienne. » (P.82)

Et surtout, n’oublions pas Safy Sy, la mère de Kiné. Safy, c’est la classe incarnée, l’épouse et la mère qui épaule et accompagne son mari et ses enfants contre vents et marées. C’est le roc qui soutient sans fléchir les personnes qui sont chères à son cœur. C’est également celle qui sait réconforter sa fille ainée lorsque la vie ne lui fait pas de cadeaux.


« Kiné, je ne vais pas te faire la morale, tu es une grande fille et tu sais que la vie peut prendre des tournures qu’on ne souhaite pas. Notre monde est fait de rencontres, bonnes ou mauvaises. Quel que soit le type de relation que nous entretenons avec les autres, on acquiert toujours de l’expérience. […] En ce qui te concerne, je veux que tu sèches tes larmes. Cette déception est grande, et tu la ressentiras encore pendant un long moment. Mais sache une chose, Kiné Alima Sy, tu es une femme extraordinaire. » (P.37-38)

Ce livre est incontestablement une belle réussite littéraire qui mérite d’être lue.


Bravo à l’auteure et longue vie à son écriture. Belle lecture à vous !


166 pages / Juin 2018 / Aux Editions de L’Harmattan Sénégal

Retrouvez également la chronique du second roman (nouvelles) de l'auteure sur le site: Dans les chaînes du Silence.


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Le café littéraire de N. F. Ndiaye organisé par Béatrice Bernier-Barbé au Clos Normand de Dakar


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