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LA MALNATA - Beatrice SALVIONI - Roman


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La Malnata - Beatrice Salvioni

1936. Dans la région de Naples, en Italie.

Le premier roman de l’auteure s’ouvre sur une scène violente dans laquelle un homme tente de violer une toute jeune-fille de 12 ans. Mais son amie du même âge intervient juste à temps.

« Avec ses yeux clos et sa bouche grande ouverte, enfoui comme ça sous son tas de branches et de pierres, il avait l’air d’un dormeur saisi par un cauchemar qui n’arrive pas à se réveiller. » (page 14)

Celle qui nous raconte l’histoire, c’est Francesca, la petite qui a failli être violée. Le roman débutant par la fin, il nous faut remonter avec elle un an dans le passé, lorsqu’elle commence à fréquenter en cachette la malnata, de son vrai nom, Maddalena.

La malnata, celle qui n’est pas bien née en italien, est considérée comme une gamine qui porte la poisse et qui n’est absolument pas fréquentable. Certains s’aventurent même à raconter que ce serait une sorcière qui aurait la faculté de jeter des sorts aux gens et de les tuer. Dans cette petite bourgade napolitaine, les clichés ont la peau dure et les préjugés aussi. Le petit frère et le père de la malnata sont morts dans d’étranges circonstances. Depuis, les habitants la regardent d’un mauvais oeil. Qui plus est, la famille de Maddalena est pauvre. Seuls deux garçons du même âge fréquentent Maddalena.

Intriguée par la malnata, Francesca l’observe à la dérobée dès qu’elle l’a croise. Jusqu’au jour où elle échappe à la surveillance de ses parents et finit, au gré de leurs aventures, par devenir son amie. Francesca est issue d’une famille bourgeoise : son père est le directeur de l’usine à fabrique de chapeaux de la région, et sa mère, une très jolie femme qui, dans sa jeunesse, rêvait de devenir actrice de cinéma. Mais dans ce foyer, l’amour et la communication manquent cruellement à l’appel. Dans la maison, la seule personne qui semble vraiment s’intéresser à son bien-être, c’est la Carla, la femme à tout faire de la famille. Son père travaille tout le temps et sa mère est une coquette qui se soucie plus de son apparence que de sa propre fille.

Avec la malnata, Francesca va découvrir la liberté, les mauvaises manières (celles qui ne sont pas dignes des jeunes-filles de bonne famille) et l’émancipation, ainsi que le pouvoir de dire non. Mais à quel prix ? Car sortir du rang a toujours un prix !

Sur le fond historique d’une Italie qui sombre dans le fascisme Del Duce, à la veille de la Seconde guerre mondiale, le roman nous plonge dans une période sombre de l’Europe. Penser autrement et remettre en question la dictature de Mussolini deviennent des comportements de plus en plus dangereux pour les émancipés.

« Ce que les gens étaient venus faire ce jour-là ne répondait pas à un ordre strict, de ceux auxquels tu obéis, sinon on te fusille dans le dos et on efface ton nom de ceux qui ont droit aux honneurs. Ils appelaient cela « un don spontané ». Si on refusait, on ne se prenait pas une balle dans le dos, mais il valait quand même mieux surveiller ses arrières pour l’éternité. » ( page 219)

La malnata est un roman intéressant qui se lit vite. On se laisse happer par le scénario, par cette amitié entre les deux jeunes-filles dont les vies s’opposent radicalement mais que les émotions rassemblent. Par contre, je dois avouer que je suis restée sur ma faim concernant la conclusion. J’aurais apprécié une fin plus tranchée, disons. Quoiqu’il en soit, c’est une lecture qui vaut le coup. La plume de Beatrice Salvioni est à découvrir.

330 pages / Publié en février 2023 aux Editions Albin Michel / Traduit de l'italien

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