
Où allons-nous ? Entre la France et le Sénégal
À quelle époque ? Contemporaine
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
Karim Cornali nous offre un roman initiatique captivant à travers Le Bleu de nos âmes. L’ouvrage est divisé en quatre chapitres, quatre histoires singulières qui semblent néanmoins profondément connectées les unes aux autres, des hommes aux cheveux bleus que tout semble ramener inexorablement vers l’océan. Le premier personnage, poète dans l’âme, vit depuis onze longues années à Paris. Il suffoque littéralement dans ce monde urbain où on ne prend plus le temps de vivre et d’observer les choses simples de la vie qui nourrissent notre humanité. Il rêve de retrouver la mer, de se retrouver. Petit à petit, sa reconnexion à lui-même et au monde de la nature provoquent le début de sa métamorphose.
« J’ai fait un drôle de rêve cette nuit-là. J’étais un surfeur sur une plage sauvage. Dans un pays lointain. Je regardais les vagues déferler à quelques mètres de moi. C’était juste après l’aube. Il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. Les rayons du soleil rasaient la Terre. Le ciel était limpide comme une eau claire. L’océan, secret comme un merle métallique. Les vagues se dressaient en plein soleil avec leurs ailes brillantes comme des morphos bleus – presque la couleur de mes cheveux. » (P.8)
Le second personnage, « l’homme océan » se retrouve « sur une plage sauvage de la côte Ouest africaine », partagé entre une impression de rêve et de réalité.
« Et j’ai vu en effet que quelqu’un était en train de m’observer. La mélodie me berçait et me rassurait. Elle était douce et pénétrante. Féminine. Charmante. Je me suis dirigé vers cette silhouette énigmatique qui m’enivrait de musique. J’ai laissé fondre sur moi la nuit à chacun de mes pas. J’ai rejoint la sirène sur son rocher.» (P.38)
Je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes les deux autres personnages.
Le bleu de nos âmes est un voyage intemporel qui nous plonge dans un texte court et poétique, bercé par le ressac des vagues qui viennent cogner à nos oreilles pour nous rappeler que chaque instant est précieux, que notre épanouissement passe irrévocablement par un retour aux sources, à la nature, mais aussi par la contemplation, comme celle à laquelle se livre le poète, détaché du temps.
« Les enfants sont arrivés séparément sur la plage, de quartiers différents. Sans se connaître, et sans rien se dire, ils se sont rassemblés comme des aimants pour construire ensemble un château de sable. Les regardant ainsi jouer en silence, les cheveux au vent et les yeux rêveurs, j’ai senti qu’ils étaient pris par la mer, par sa vaste présence visuelle, olfactive, tactile et sonore ; mais aussi par ce mystère plus diffus qui émane d’elle et qui remplit les grands espaces que nous avons à l’intérieur de nous-mêmes faits pour le bonheur. Peut-être vivaient-ils leur première expérience de l’éternité. » (P.99)
Entre mythe et légende, pirogues, planches de surf et tambours, lagune et océan, Karim Cornali nous propose ici une épopée des temps modernes où tout se mêle et se confond pour que la magie créatrice puisse prendre sa place légitime dans nos vies. Plus qu’un roman, Le bleu de nos âmes est un voyage initiatique, un voyage intérieur. Solitaire. Mais universel. Les décors choisis par l’auteur, que ce soit la Casamance ou la Somone, sur la Petite Côte du Sénégal, sont totalement maîtrisés. La part de réalité des lieux est en adéquation avec la vérité, mais c’est un peu, comme si, Karim Cornali, à travers son écriture, levait le voile sur ces espaces pour en révéler leur nature cachée, sublimée. Avec Le bleu de nos âmes, nous devenons, nous aussi, des initiés à la beauté du monde.
Bravo à l’auteur et belle future lecture à vous !
Un mot sur Karim Cornali : il a publié un récit de voyage en 2010, intitulé Les génies du fleuve Sénégal (Artisans-voyageurs). Il était finaliste des Prix Littéraires Pierre Loti qui récompensent le meilleur récit de voyage réel publié dans l’année, et Terre d’ailleurs qui octroie le prix à un récit de voyage et d’exploration. Il est également l’auteur d’un recueil de poèmes : J’entends rire les Djinns (Encres Vives, 2014). Son dernier ouvrage, avant celui-ci, publié en autoédition en juin 2020, La lagune de la Somone, est un très beau livre, alliant pensées poétiques et photographies.

Ses deux derniers ouvrages sont disponibles au Sénégal, à Saly (Petite Côte), à La Librairie (Saly Center, Ngaparou).
124 pages / Juillet 2021 / Aux Éditions PÉTRA
Kommentare