Où allons-nous ? Entre l’Europe, les États-Unis, l’Amérique latine et l’espace
À quelle époque ? Contemporaine
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
Projet Humana est l’un des rares romans de Luc Bodin. Mais je devrais plutôt dire le Docteur Bodin puisqu’il a officié pendant de nombreuses années en tant que Cancérologue avant de se tourner vers la médecine naturelle, les énergies, et de devenir conférencier, formateur et écrivain d’ouvrages très variés comme Développez vos talents subtils, Le grand manuel de soins énergétiques ou encore La médecine spirituelle, Le grand livre d’ho’oponopono. C’est d’ailleurs à travers la méthode hawaïenne Ho’Oponopono que j’ai découvert l’auteur il y a de nombreuses années.
Comme l’exprime l’auteur dans l’une de ses vidéos de présentation, Projet Humana est un livre qui peut se lire sous différents aspects car il regorge de messages, de clins d’œil et de références à la fois ésotériques, religieuses, historiques et contemporaines. C’est un roman que certain.e.s qualifieront de science-fiction, d’autres de roman philosophique, d’autres de mystique ou encore d’enquête policière. Et chaque étiquette lui semble adaptée et juste.
Nicke Wallace, célibataire endurci, vit à Paris. Il est reporter pour un journal de l’opposition. Six mois plus tôt, il a eu un grave accident de voiture. Depuis, il a retrouvé ses capacités physiques, mais le même cauchemar vient hanter chacune de ses nuits, et il est toujours suivi par une psychologue pour arriver à surmonter le traumatisme. À trois heures du matin, il reçoit un coup de téléphone de son patron : la police vient de repêcher un corps dans la Seine. Il lui demande de se rendre immédiatement sur place pour glaner des informations. Il s’agit d’un jeune homme, la vingtaine, vêtu de manière très chic.
« Une montre en or ornait son poignet. Le tueur la lui avait laissée, preuve qu’on ne l’avait pas tué pour l’argent.» (P.10)
De retour au journal, Nicke passe sous un portail de détection à métaux, une mesure de sécurité instaurée pour protéger l’immeuble d’éventuels attentats.
« En me voyant entrer, le visage du gardien s’éclaira. Il me connaissait bien. J’étais l’une des rares personnes qui lui avaient témoigné une certaine sympathie. Nous discutions souvent le soir en grillant une cigarette sur le trottoir. Nous échangions sur la montée de la puissance militaro-policière en Europe et aux États-Unis. Lorsque je franchis le détecteur, une douloureuse décharge électrique me traversa le cerveau. » (P.11)
Quarante-huit heures plus tard, notre héros se réveille à l’hôpital en compagnie d’une belle infirmière dont il tombe tout de suite sous le charme : Brigitte. Une connexion s’établit alors le plus naturellement du monde entre ces deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés auparavant.
Cependant, des événements troublants continuent de perturber le quotidien de Nicke. Et lorsque le médecin de garde décide de lui faire passer un scanner, la machine prend feu. Nicke profite de la panique générale pour fuir l’hôpital. Dans la rue qui le ramène chez lui, il se découvre une capacité particulière :
« Puis, à ma grande stupéfaction, je pris rapidement conscience qu’en fait aucun mot ne sortait de sa bouche, et que ses paroles devaient venir de ses pensées... Car je ne les entendais pas avec mes oreilles, mais je les entendais dans ma tête…» (P.17)
À mon humble avis :
Projet Humana restera l’un de mes gros coups de cœur de 2021. Malgré ses 400 pages, c’est un roman qui se lit très vite : l’écriture est fluide et très accessible, l’histoire est prenante, les intrigues sont percutantes, les personnages principaux sont très attachants. Bref, il contient tous les ingrédients d’un excellent livre. Mais réduire cet ouvrage à un simple roman policier ou de science-fiction serait injuste. Pourtant, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans risquer de vous révéler la véritable histoire de Projet Humana. Il vous faudra donc le lire à votre tour.
Ce qui fait la différence :
Lorsque Luc Bodin explique comment il a écrit Projet Humana, il me fait sourire en disant qu’il a découvert au fur et à mesure ce que son livre allait contenir. Il avait les grandes lignes, et c’est tout ! Et c’est de la même manière que j’ai écrit Linguère Sara le voyage d’une vie, ainsi que Les Endormis. Je comprends donc totalement ce qu’il exprime, bien que cela puisse sembler très déroutant, même pour l’auteur.e, lui-même. Mais c’est ainsi que l’écriture de certains romans fonctionne.
La seconde anecdote à retenir, c’est que Luc Bodin a édité ce livre pour la première fois en 2012, il y a donc près de dix ans. Or, il y a tant de similitudes avec ce que nous vivons dans nos quotidiens aujourd’hui que l’on peut facilement affirmer, qu’à travers Projet Humana, la science-fiction a rattrapé la réalité. À moins que ce ne soit l’inverse…
« La liberté de la presse a disparu depuis l’arrivée du nouveau président. Nous, au journal, ils nous tolèrent encore parce que nous avons des milliers de lecteurs derrière nous. Mais, au moindre faux pas, on passera à la trappe comme les autres ! Et ça ne va plus tarder. Tu peux me croire ! » (P. 27)
« Il y a de nombreux articles de journaux français, anglais et américains sur notre Lenoir national. Il intéressait visiblement beaucoup de monde, ce qui n’était pas très étonnant, parce qu’il avait baigné dans de nombreux scandales retentissants, des détournements de fonds publics, des trafics d’influence, des ventes illicites d’armes, des délits d’initiés, des écoutes téléphoniques abusives et même des disparitions inexpliquées d’enfants. » (P.30)
Lire Projet Humana, c’est accepter en conscience de lever le voile confortable de l’ignorance pour plonger dans des éléments bien plus précieux, voire capitaux pour l’ensemble de l’humanité.
« La réalité rejoignait aujourd’hui la fiction, sans que personne ne semblât y prendre garde. » (P.33)
Bravo et merci à l’auteur pour cet ouvrage, et belle lecture à vous !
414 pages / Octobre 2021 (nouvelle édition) / Éditions Exergue
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